Dix ans et deux enfants plus tard, nous
sépare de la première édition du site. Notre désir reste inchangé, promouvoir
la pratique de la psychomotricité en gériatrie. Toujours passionnée par nos
ainés je tenterais de dégager ce qui m’apparait comme central dans la clinique
psychomotrice avec eux. Ensuite je développerais la bibliographie et les
articles consultables sur le site afin d’ouvrir le propos.
Le
sens du vieillir :
La personne âgée est développée dans la
littérature comme un catalogue de manques et de déficiences de toutes sortes.
Ces données hautement objectives ne nous donnent aucune envie de vieillir.
N’oublions pas que ces traités sont écris par des jeunes donc par essence des
incompétents sur le sens du vieillir ! vieillir peut nous faire peur à
juste titre car c’est effectivement une expérience de pertes. La société dans
laquelle nous vivons actuellement nous présente l’âgé comme jeune en bonne
santé, pratiquant des exercices physiques et de mémoire. Quelle place donne
t’on réellement à la personne âgée?
Serrons nous capable d’entendre que la personne a besoin de temps pour
faire son bilan de vie tranquillement ?que cette tâche lui est ingrate car
extrêmement difficile à réaliser?
D’ailleurs certains de nos âgés considérant ce travail du vieillir comme
trop lourd préfère « oublier de penser » selon les termes de cette
patiente dite « démente ». Le
développement psychomoteur permet à l’enfant de prendre place en tant que sujet
dans sa famille. La personne âgée manifeste souvent des désordres psychomoteurs
en lien avec cette difficulté à se donner place. C’est sur nous
« soignant » qu’elle s’appuie mais aussi sur la société dans laquelle
elle vit. Or je considère que nous abandonnons nos ainés si nous les considérons
que sous l’angle performatif sans écouter leurs besoins existentiels.
La clinique de l’âgé :
Elle s’appuie sur l’idée que nous sommes
jeunes et que ceux que nous accompagnons ont de l’avance sur nous. Nous avons
un savoir être de psychomotricien à transmettre en fonctions des besoins du
patient. Le bilan psychomoteur a le sens d’une rencontre autour d’un projet
commun que l’on élabore ensemble au cours de l’évaluation. Notre adaptabilité
et la façon dont nos techniques vont se placer dans les rencontres vont avoir
comme objectif la qualité de l’autonomie de ce patient en difficulté. Il s’agit
de le rendre à lui-même, et qu’il puisse ensuite nous quitter. Exemple: Madame
est tombée d’ailleurs depuis qu’elle est en retraite, elle ne sait plus comment
orienter ses journées. Son mari est mort et ses enfants sont peu disponibles
car occupés à leurs vies. Madame ne sent plus d’appuis pour continuer sa route.
Elle chute et nous témoigne par là sa difficulté. Cataloguée comme démente
c’est elle qui me confiait sa volonté de ne plus penser. Dans le lien crée elle pu nous indiquer le chemin thérapeutique
à suivre pour elle jusqu’au moment ou elle pu partir en maison de retraite en
« s’étant relevé de sa chute » selon ses termes. Elle nous a enrichit
dans notre capacité à accompagner. Les différents lieux d’exercices:
Le long séjour ou la maison de
retraite :
Notre
intervention se situe dans le maintien de l’équilibre psychomoteur des
personnes qui habitent là. Il s’agit de rester dans l’axe de projets précis sinon
cela peut devenir un suivi jusqu’à ce que mort s’ensuive. L’équipe est dans
l’intimité du patient, elle en assume l’accompagnement jusqu’au bout elle
détient un savoir précieux pour nous. Notre regard spécifique peut servir à
l’équipe qui souvent doit pouvoir nous interroger. Certains lieux bénéficient
de cadres contenant et soutenant les projets d’équipe. Parfois l’institution
peut demander au psychomotricien « des animations d’atelier »,
c’est à ce dernier de rester clair sur la place qu’il entend occuper dans les
lieux. En effet si le travail en groupe à thématique psychomotrice est tout à
fait dans notre cadre de travail ; attention à la manière dont cela
peut être entendu par la hiérarchie : « un groupe
d’animation ».
Le moyen séjour :
L’hospitalisation
dure de un à trois mois, le travail s’axe
souvent sur la reprise de l’autonomie et peut prendre un aspect plus
rééducatif. La prise en charge de la douleur du patient peut aussi s’ouvrir sur une intervention de
l’équipe mobile de soins palliatifs. A la fin de l’hospitalisation les
décisions se tranchent parfois douloureusement : retour au domicile ou
institutionnalisation. Nous sommes sollicités pour donner notre avis sur la
question (parfois après une visite à domicile). Les patients sont placés là
devant un choix existentiel qui doit être accompagné. La spécificité des
institutions (Oncologie par exemple) entraine des traitements médicaux lourds et le cadre du travail avec le patient
peut en souffrir. L’équipe là aussi reste un interlocuteur privilégié pour
faire le lien et donner sens à notre intervention commune.
Les soins palliatifs :
L’intervention
privilégie le confort du patient et l’accompagnement de sa famille. L’équipe
est souvent soutenue par un groupe de paroles supervisé par un intervenant
extérieur. Le travail s’élabore au jour le jour et suit de près l’évolution du
patient. Le psychomotricien intervient
chaque jour auprès du patient. Parfois une intervention conjointe avec un autre
de l’équipe se réalise.
L’équipe mobile de soins palliatifs :
Elle
intervient sur demande d’un service qui a besoin d’aide pour gérer une
situation de crise. Elle cherche des solutions adaptées pour le confort du
patient. La vocation de cette équipe est de créer des relations de confiance
avec l’équipe demandeuse d’aide pour ensuite garder contact. En effet
l’intervention vise une relation à long terme pour agir en amont et pas
seulement quand la crise est déclarée. Le psychomotricien a dans ce cas un rôle
de thérapeute du patient et de formation de l’équipe qui prend la suite de son
travail.
Le travail au domicile des personnes
âgées :
Cette
possibilité est en pleine expérimentation. Les psychomotriciens évaluent puis
proposent un travail avec un ou plusieurs médiateurs visant la restauration ou
le maintien des capacités de la personne. Il peut aussi sur demande de l’équipe
au domicile former les intervenants du quotidien pour un accompagnement de
meilleure qualité. Il est question aussi de forfaits de douze séances de
psychomotricité, renouvelable selon résultats. Là le risque est de nous placer
du côté du productif et non du qualitatif mettant la personne au centre du
projet et non ses résultats !